Bracelet Montre fait maison: je me suis lancé!
Faire mes bracelets de montre moi -même, une idée qui me trottait dans la tête depuis un petit moment. Je me suis donc risqué à l'exercice...
Bilan:
- Porter une montre équipée d'un bracelet fait par soi est très plaisant.
- L'intérêt de faire son bracelet soi même, c'est que l'on peut faire ce que l'on veut.
- Se frotter à l'exercice fait que l'on a encore plus de respect pour les professionnels du fait-main, et donne encore plus envie de se fournir aussi chez eux!
J’avais à cette finalité gardé de coté de vieilles ceintures, me disant que cela pourrait faire une bonne matière première.
Et puis le sens du vent qui change où je ne sais quoi, je me suis enfin lancé ! Tout d’abord, sur un entrecorne 22mm : la ceinture faisant cette largeur, cela m’évitait des découpes !
Résultat : sympa… mais plein de défauts, me permettant de progresser (on apprend de ses erreurs !) :
- Réduction des extrémités pour pouvoir former les zones de passage des pompes : diverses tentatives d’outils. Au final, une bonne vieille lame cutter est le top ! Un professionnel utilisera un « couteau à parer ».
- Coutures pas très droites : c’est au perçage des trous qu’il faut faire très attention. La couture elle-même ne génère pas beaucoup d’irrégularité.
- Difficulté de gestion des arrêts de couture : faire des nœuds crée une surépaisseur, juste couper le fil fait qu’il risque de repartir, …
- Passant beaucoup trop grand : j’ai tenté de faire un test autour du bracelet, mais le résultat était quand même bien trop grand (c’est mieux que trop petit !).
- Déséquilibre des longueurs de brin (le brin avec les perforations est trop court) : mauvaise prise de mesures liée à une méconnaissance des éléments importants.
Je me suis donc lancé dans la réalisation d’un second bracelet prenant en compte mes apprentissages précédents, avec une nette amélioration du résultat ! (Ce coup-ci en entrecorne 20mm, avec comme cible ma Stowa Flieger). Le résultat ayant été presque satisfaisant, c'est donc l’occasion de proposer un mini tutoriel en me lançant dans une troisième réalisation…
1. Découpe des brins
Maintenant que je connais les éléments à prendre en compte pour une découpe de cuir pour un bracelet de montre, on trace avec une pointe au revers du cuir, et on découpe avec une roulette à tissus (idée trouvée par hasard dans une boutique, ça découpe parfaitement le cuir de façon bien régulière sans les à-coups que l’on peut avoir avec un ciseau ou un cutter : j’ai vu par la suite que sur des sites spécialisés ils proposent aussi cette solution !).
Les brins au final, font classiquement 130mm et 80mm. A ces dimensions, il faut ajouter les dimensions des zones à rabattre pour former le passage des pompes. Personnellement, je découpe à 145mm pour le brin long et à 125mm pour le brin boucle.
2. Parage des zones de pompe
Pour former le zone des pompes, il va falloir rabattre le cuir sur lui-même. Pour ne pas avoir de surépaisseur, il faut « parer » le cuir, c’est-à-dire l’amincir sur une certaine longueur. Par exemple, pour le brin long , Longueur du brin « fini » = 130mm, rabat = 15mm (d’où la découpe totale à 145mm) : il faut parer sur 2 x 15mm = 30mm.
Pour cela j’utilise une lame de cutter 18mm. Plus fine, on ne la tient pas bien et elle est trop souple. J’ai trouvé dans le commerce un porte lame qui permet de bien tenir la lame, mais j’ai fait mes premiers essais sans, et cela fonctionne très bien quand même, juste un peu moins commode. Pour parer, il faut se mettre sur un petit support qui permet de surélever le morceau de cuir, et se mettre sur le bord de ce support. Ensuite, on appuie légèrement en biais, on pousse et on enlève des morceaux de cuir par lamelles, du coté qui se trouvera coté poignet.
Nota1 : il faut affiner un peu plus le parage à l’extrémité, cela limite l’épaisseur du résultat lorsque le rabat est en place (car on a tendance à moins affiner à la limite de la zone paré/non paré.
Nota2 : il faut aussi essayer d’affiner un peu plus au milieu de la zone de parage : c’est là que la pompe va se positionner, et plus le bracelet sera épais à cet endroit, plus le bracelet sera proche du boitier, pouvant gêner son montage.
3. Collage
Une fois le cuir paré, on encolle sur la moitié de la longueur avec une colle néoprène (j’ai trouvé une colle PATTEX spéciale Cuir), on laisse le solvant s’évaporer quelques minutes puis on rabat en calant un cure-dent dans le creux du pli, pour former la zone de passage de la pompe, plus tard. Ensuite, on cale tout cela dans un serre-joint entre 2 cales en bois, sans serrer trop fort pour ne pas mater le cuir.
4. Le passant
Pendant que les 2 brins du bracelet sont collés et en train de sécher, on peut préparer les passants…
Le passant ne doit pas être trop ouvert car sinon le bracelet se balade trop, et pas trop serré car sinon le brin long ne passe pas dedans ! Pour un bracelet de 20mm de large, j’ai fait un passant de 55mm (Longueur du passant= 2 x largeur du bracelet + 15mm), sur 6mm de large.
On découpe un morceau de cuir à la bonne dimension, et on le pare sur toute la longueur, en essayant d’avoir un résultat assez fin (mais pas trop pour ne pas être fragile !). Puis on perce 2 trous à chaque extrémité, à environ 2 mm de l’extrémité et 1mm du bord.
Ensuite on le replie sur lui-même pour amener les 2 bords avec trou, face à face. Ensuite une petite couture en « croix » doublée, arrêtée de la même manière que précédemment. J’ai essayé d’autres formes de couture, c’est la seule que j’ai trouvée qui tienne bien le passant bord à bord sans trop le déformer…
Autre technique, avec un rendu visuel plus sobre : couper le passant avec une longueur de 5mm de plus (soit longueur = 2 x largeur du bracelet + 20mm), parer une extrémité du passant coté visible sur 5mm et parer l’autre extrémité toujours sur 5mm.
Puis encoller sur la zone parée coté intérieur (si de la colle déborde cela ne se verra pas !), attendre 5 minutes que le solvant s’évapore puis mettre les 2 zones parées l’une sur l’autre et maintenir (avec une pince à linge, c’est très bien).
5. Perçage
C’est un des points les plus délicats pour le rendu final… Une couture pas droite se voit tout de suite, et pour avoir une couture droite, il faut des perçages alignés. La qualité de la couture elle-même est presque secondaire pour cet aspect.
Une fois la partie collée bien sèche, il faut donc tracer à la règle la zone à coudre. Je la trace coté visible du bracelet avec une pointe à tracer, en insistant bien pour légèrement creuser le cuir afin d’un peu enfouir les fils à la couture. Ensuite je perce en appuyant fort avec la pointe. Une alène plus adaptée au travail du cuir serait mieux… Il faut bien traverser le cuir pour bien former le trou. Je fais un trou tous les 4mmn en partant d’environ 2mm du bord du bracelet.
Les trous sont à 10mm de l’extrémité du bracelet.
6. Couture
J’ai utilisé de la ficelle de cuisine (à rôti !), c’est blanc, ça donne le rendu souhaité, et j'en ai sous la main!… il faudra que je regarde pour trouver autre chose éventuellement ! Voire trouver des fils d’une autre teinte…
On commence par couper la ficelle sur assez long (une trentaine de centimètres suffit pour coudre la largeur du bracelet), et on enfile un aiguille à chaque bout, puis on passe une aiguille dans le premier trou, et on équilibre la longueur de fil des 2 cotés.
Ensuite, on passe l’aiguille coté visible dans le trou suivant (1), puis l’aiguille de dessous dans le même trou (2), on serre bien, puis avec cette même aiguille, on passe dans le trou suivant (le 3eme donc…) (3). On reprend l’aiguille précédente, que l’on fait passer une fois dessus puis à nouveau en dessous, à chaque fois en passant au trou suivant, et ainsi de suite : à chaque fois, on prend l’aiguille de dessous on la fait passer au-dessus au trou suivant, puis re-dessous encore au trou suivant, puis on prend l’autre aiguille… Et on arrive à l’étape 4…
Pour arrêter la couture : l’aiguille qui se trouve au-dessus repasse en dessous en revenant par le trou précédent (5), et l’aiguille de dessous repasse au-dessus par ce même trou puis à nouveau en dessous par le trou encore précédent (6)
Ainsi, on se retrouve avec les deux fils dessous. On coupe les fils presque à ras de la couture et on les colle ensuite avec les autres fils en chargeant un peu de colle dans le trou (avec l’aide de la pointe d’un cure dent, j’utilise la même colle que celle pour le collage du rabat).
A chaque point il faut bien serrer le point précédent. Une fois un point fait, le précédent ne bouge plus.
Je fais cet ordre dessus/dessous, afin de prioriser le point sur le fil qui se trouve sur le côté visible du bracelet et faire celui-ci proprement.
Au final, on se trouve donc avec 4 points de coutures avec les 2 derniers points doublés coté visible. Bien serré, cela ne choque pas, et si on regarde les bracelets de professionnels, on note la même chose sur les derniers points !
7. Montage du passant
Sur le brin boucle, une fois la première couture coté boucle faite, soulever le cuir pour le décoller jusqu’à la couture. Enduire de colle toute la zone parée ainsi découverte, y compris la zone où viendra se positionner le passant (ca ne peut que mieux l’aider à tenir !), puis positionner le passant, avec la zone de fermeture qui vient se positionner entre les 2 morceaux de cuir (zone visible et rabat), puis bien maintenir en place le temps du séchage. Enfin, refaire une couture juste derrière le passant.
Ensuite faire un second passant, qui sera mobile, aux mêmes dimensions que le premier.
8. Passage Ardillon
Enfin, côté passant fixe, découper au centre du bracelet une encoche ou viendra se loger l’ardillon de la boucle. La largeur de la fente est celle de la largeur de l’ardillon à monter.
9. Perçage brin long
Il ne reste plus qu’à percer les trous du brin long, trous en fonction de la taille de l’ardillon utilisé. Moi je perce à 2mm, même si l’ardillon est à 1mm.
Et voila, le bracelet est fini et peut être monté sur la montre à laquelle il est destiné...
Comme dit en préambule, l’intérêt de faire son bracelet soi-même, c’est que l’on fait ce que l’on veut ! Je me suis amusé à faire un passant mobile surdimensionné avec mon initiale cousue dessus, et aussi à faire des passants d’une couleur différente du bracelet… Notre imagination est la seule limite !
A vous de jouer...
La suite de mes aventures dans le travail du cuir: https://www.facebook.com/paroona/
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